Fondation Gobat pour la Paix

Hansuli Gerber – Le vendredi 16 octobre 2020, la Fondation Gobat pour la Paix a été constituée à Tramelan, en mémoire d‘Albert Gobat, enfant de Tramelan et lauréat du prix Nobel de la paix, ensemble avec Elie Ducommun, en 1902, une année près Henri Dunant. Albert Gobat, avocat, conseiller d’état et conseiller national, en tant que président du 4e congrès de l’Union Interparlementaire en 1892, fut co-fondateur du bureau international de la paix (BiP), duquel il était directeur après le décès de Ducommun. Gobat était un fervent pionnier du multilatéralisme et un défenseur du droit international. L‘absence de son prénom dans le nom de la fondation ouvre la porte aussi à la mémoire de sa fille Marguerite qui, elle, était co-fondatrice de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. Fait remarquable: Marguerite Gobat était une instigatrice d’une première pétition en Suisse, en 1922, pour la création d‘un service civil.

La Fondation Gobat pour la Paix a pris du temps pour voir le jour. Roland Stähli (1917-2010), enseignant et conseiller national de Tramelan, avait à plusieurs reprises rappelé la mémoire d‘Albert Gobat. En 1996, une fête de rue était organisée par les écoles de Tramelan lorsque la rue où se trouvait mon bureau (MCC Europe), fut renommée “Rue Albert Gobat”. En 2015, quelques stèles commémorant Albert et Marguerite Gobat furent inaugurées à proximité du Centre interrégional de perfectionnement (CIP) en présence du secrétaire général du BiP, Colin Archer. L‘idée de créer un centre ou une institution en mémoire des Gobat avait été discutée au sein du Mouvement international de réconciliation (MIR) et je l’ai mentionnée à au maire de Tramelan qui se disait intéressé. Elle a fait son chemin depuis, jusqu‘à ce que Hervé Gulotti, chancelier municipal, et Beat Geiser, à l’époque conseiller municipal, portent l‘idée vers des personnes intéressées ou compétentes, ce qui conduisit à la création d‘un groupe de travail en 2016. La bibliothèque du BiP à Genève, qui a fermé ses portes en 2016, à été léguée à la future Fondation Gobat pour la Paix. La bibliothèque du MIR Suisse a aussi rejoint le CIP à Tramelan dans ce but.

Promouvoir la paix présente un défi de taille et exige de l’expérience, du savoir-faire, un grand réseau et beaucoup de finesse. Créer une fondation profilée et pertinente requiert l‘engagement de personnalités avec une certaine notoriété. Les deux choses combinées se sont avérées épineuses, mais, grâce à la persévérance du groupe de travail, et d‘une présidente audacieuse et décidée, Mme la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, le projet a enfin abouti.

Les perspectives sont multiples et les besoins ne manquent pas. Le conseil de fondation et les représentants des communes présents à Tramelan lors de la signature de l’acte de Fondation ont pu suivre un échange fascinant qui a montré la complexité d’une situation jugée désespérée un peu partout: La situation actuelle en Israël, où le Centre pour la démocratie libérale, avec le soutien de l’ambassade Suisse, rassemble des acteurs de toute la société civile pour dialoguer et chercher un consensus sur les questions brûlantes.

Le dialogue, c’est bien ce qu’Albert Gobat a prôné lorsqu’il a cherché à rassembler des parlementaires de plusieurs nations et lorsqu’il a crée le Bureau international de la paix (BiP), qu’il a dirigé à Berne, puis à Genève. Ses démarches étaient basées sur la conviction intime et passionnée que, pour vivre en paix, il faut la préparer. L’ambassadeur Suisse en Israël, Jean-Daniel Ruch, dans son introduction, citait le dicton latin Si vis pacem, para bellum – si tu veux la paix, prépare la guerre pour ensuite dire que l’humanité doit dépasser cette approche destructrice.

Ce n’est pas par hasard que cette “maxime” est tirée du contexte de l’empire romain qui construisit la Pax romana, basée sur la violence et le principe “divise et règne”. Aujourd’hui, nous savons que la violence suscite la violence, que la préparation de la guerre conduit à la guerre, et que par contre, le dialogue est indispensable pour trouver des solutions à des problèmes communs. Quant à Albert Gobat et sa fille Marguerite, ils préconisaient le désarmement, un tribunal international et le dialogue citoyen, à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Bienvenu dans l’ère de la nonviolence, où l’on cherche à éviter et surmonter la guerre!

La Fondation Gobat pour la Paix va oeuvrer en collaboration avec Swisspeace, dont le directeur, Laurent Goetschel, siège au conseil de Fondation. Sont aussi membres de ce conseil Regula Rytz, Christa Markwalder, Silvia Schroer, Elisabeth Schneider-Baume, Philippe Augsburger, Yves Pétignat.

Voici un lien sur le 12:45 RTS du 19 octobre

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