Quand la non-violence souffle depuis les Balkans

Par Jean-Denis Renaud

Au tournant du siècle, Ana et Otto Raffai  ont été pris dans la tourmente de la décomposition de la Yougoslavie : Otto, issu de la minorité hongroise de Voïvodine attachée à la Serbie, est objecteur de conscience. Avec Ana, sa femme croate, ils se sont formés, à l‘animation à la non-violence. Pas assez connus en France, à cause de leurs activités principales en serbo-croate, ils ont en revanche tissé de nombreux liens en milieux germanophones en maîtrisant cette langue : avec Hildegard Goss-Mayr, en suivant la formation à la Diaconie de la Paix (Schalomdiakonat) en Allemagne, etc. …. Ana a même passé une thèse de doctorat en théologie catholique à propos d’une théologienne protestante allemande, féministe, écologiste et pacifiste : Dorothee Sölle. Ana est aussi à l’aise en anglais et français. 

Les actions du couple s’inscrivent principalement dans le contexte délétère nationaliste post-conflit des Balkans : dans « la guerre après la guerre », selon leur expression. Ana et Otto travaillent à la réconciliation intercommunautaire, mais aussi au dialogue interreligieux par la création du collectif  « Fidèles pour la paix » regroupant des musulmans, catholiques, protestants et orthodoxes. Comme l’Arche, le tandem est engagé au sein du réseau européen œcuménique d’Eglise & Paix. Ana a aussi été invitée à la Conférence internationale « Nonviolence et paix juste » de 2016 à Rome où elle a rencontré notamment Jean-Marie Muller, seul francophone présent.

C’est justement dans le cadre de l’assemblée générale d’Eglise et Paix en 2017 à Strasbourg qu’un participant anabaptiste suisse romand a convaincu des compatriotes du Mouvement International de la Réconciliation, de la Communauté de Grandchamp et de la Maison communautaire de Chambrelien de faire venir en Suisse le couple balkanique. Un an plus tard, lors de la conférence d’Eglise et Paix 2018 en Angleterre, une réunion entre intéressés à finalisé le projet pour septembre de la même année. Celui-ci, en plus de toucher un public peu informé sur les artisans de paix dans l’Europe du Sud-Est, a permis une cordiale collaboration entre : le Forum anabaptiste pour la paix et la justice, Eglise et Paix, la Communauté de Grandchamp, le Mouvement International de la Réconciliation et la Maison communautaire de l’Arche de Chambrelien.

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