Ueli Wildberger est décédé le 23 janvier 2023.
Nous sommes très tristes de la perte d’Ueli. Ueli était pour ainsi dire le cœur d’IFOR-MIR.
Nous souhaitons partager avec vous quelques pensées personnelles. Vous trouverez également le texte qu’Ueli avait écrit en 2021 à l’occasion de sa démission de la présidence d’IFOR-MIR.
Dans les prochains jours, nous publierons également une nécrologie, écrite par Jonathan Sisson.
Une cérémonie d’adieu aura lieu le 27 février 2023 à Zurich :
Eglise réformée de Witikon, Witikonerstrasse 290, 8053 Zurich. 14h00.
Ueli Wildberger
L’engagement d’Ueli Wildberger pour la cause de la paix date déjà du temps où il était pasteur dans l’Église réformée du canton de Zürich. Déjà à cette époque il a pu manifester contre la construction de centrales nucléaires, pour une Suisse sans armée, pour la mise sur pieds d’un service civil … Il s’est mis au service de ces différents sujets, non seulement comme théologien, mais aussi de manière très pratique, sur le terrain, avec les manifestants et en faisant face aux forces de l’ordre …
Ueli Wildberger est devenu assez tôt membre de IFOR – MIR Suisse et en a présidé le Comité alémanique. Puis, lors de la fusion entre les deux Comités linguistiques, il a assumé la présidence bilingue. Ses connaissances en français aussi bien qu’en allemand lui permettaient de garder les contacts qui provenaient de ces deux mondes souvent séparés.
Malgré l’âge qui avançait, Ueli a su garder sa vivacité d’esprit, sa curiosité, son sens aigu de la réflexion sur les sujets de préoccupations actuels : l’altermondialisme, le réchauffement climatique, les sujets de répartition des richesses antre Nord et Sud, l’exploitation des personnes et des ressources mondiales par de grandes entreprises peu scrupuleuses, Ueli était préoccupé par tous les sujets qui touchaient de près ou de loin aux thèmes de la paix ou de l’injustice.
IFOR – MIR est très reconnaissant de tous les contacts qu’il a su former et conserver au fil des années et qui font aujourd’hui la richesse de son réseau.
Nous exprimons à son épouse France et à toute la famille Wildberger nos très sincères condoléances.
Luc Nirina Ramoni, co-président IFOR – MIR Suisse
Je me suis régulièrement retrouvé avec Ueli pour des séances à la Markthalle de Bâle. Lors de séances marathon, nous discutions de tout ce qui s’était accumulé au cours des 1 à 2 mois précédents et que nous n’avions pas pu aborder par mail/téléphone. Entre deux, nous buvions du café et nous nous offrions des gâteaux à tour de rôle. Ces échanges intenses me manquent. Je suis reconnaissante des moments passés avec Ueli. J’ai beaucoup appris de lui. Son engagement, sa conviction que nous pouvons changer les choses et son optimisme m’ont motivé.
Chez Ueli, la paix n’avait jamais de fin de journée, elle s’inscrivait tout naturellement dans le quotidien. Je pense que les personnes qui l’ont côtoyé l’ont ressenti. Ueli utilise plutôt le terme de non-violence active au lieu de paix et le courage civil était également très important pour lui. Maintenant, j’étais de nouveau dans le Markhalle, là où nous nous asseyions auparavant pour discuter de la paix. Quelques tables plus loin, quelques personnes étaient assises ensemble et jouaient de la musique. C’était belle et cela aurait aussi plu à Ueli.
Charlotte Bhattarai, Secretariat et éducation à la paix, IFOR-MIR Suisse
Article publié dans le bulletin en décembre 2021
Ma mission dans le MIR
Paix – Dans de nombreuses régions du monde, les pauvres et les personnes défavorisées souffrent de la haine, de la discrimination, de la guerre et doivent craindre pour leur vie. La violence sous ses nombreuses formes imprègne notre culture et nous façonne dès l’enfance. Les nations considèrent la dissuasion militaire comme indispensable par crainte d’être envahies un jour.
Mais quand une partie du peuple souffre, tout le monde souffre. Le Royaume de Dieu de paix et de justice est pour tous, ici et maintenant ! Cette conviction m’a inspiré au cours des 50 dernières années. Très tôt, il m’est apparu clairement que la paix ne peut être atteinte
que par la non-violence radicale.
On apprend grâce à de nouvelles expériences :
L’action non-violente exige un engagement de la per- sonne entière. Dans l’action non-violente, on s’expose publiquement, avec son corps et son âme, avec ses so- uhaits, ses espoirs et ses craintes. Ce faisant, on peut faire l’expérience que la faiblesse physique est compen- sée par la force spirituelle, que la souffrance consciente peut ouvrir les cœurs, que l’échec supposé signifie un succès tant que nous restons fidèles à nos convictions et à nos valeurs.
Ainsi j’ai essayé au sein du MIR de rendre la force de la non-violence tangible pour le plus grand nombre de personnes possible dans les conflits sociaux actuels, dans des actions et des campagnes concrètes. Que ce soit dans l’occupation de la centrale nucléaire de Kaiseraugst, dans les opérations de paix des Brigades de Paix Internationales, dans les projets pour les réfugiés ou dans les marches de protestation, par exemple MenschenStrom gegen Atom.
J’ai vécu chacune de ces actions non-violentes comme une œuvre d’art sociale : A commencer par le choix de la forme d’action la plus originale, par la formation du groupe d’action avec des jeux de rôle, jusqu’à la mise en œuvre avec ses hauts et ses bas émotionnels. Apprendre en agissant nous forme pour toujours.
Je me réjouis de l’émergence récente d’un jeune mouvement de grève pour le climat qui, sans notre participation, est clairement engagé dans une approche non-violente, et qui pratique la désobéissance civile de manière rigoureuse et convaincante. Des décennies de semailles semblent porter leurs fruits…..
et la démission
Cet été, j’ai souffert d’une embolie pulmonaire et d’un accident vasculaire cérébral, toutes deux probablement causées par le cancer de la prostate. C’est pourquoi je dois malheureusement me retirer de mon poste de président du MIR Suisse et du comité. Mais heureusement je me porte assez bien ; ma main droite fonctionne déjà assez bien et je n’ai pas de douleur. Je me sens toujours attaché au MIR et j’espère à l’avenir pouvoir contribuer de nouveau à la paix d’une façon ou d’une autre.
Ueli Wildberger